Surchauffe mentale : quand tout devient trop !

Impact de la surchauffe mentale sur notre vie et importance de court-circuiter notre cerveau pour retrouver clarté et énergie

Lydie Tailland

6/19/20255 min read

Quand le mental surchauffe : comprendre l'épuisement intérieur et retrouver l’équilibre

Un paradoxe épuisant : penser à ne plus penser

Il y a des jours où l'on se cognerait la tête contre les murs. Pas pour se faire mal. Mais pour faire taire le bruit.

Ce bruit incessant dans la tête. Ces pensées qui tournent en boucle. Cette idée, cette obsession, cette préoccupation qui s’invite à chaque instant. Elle ne lâche pas. On a beau savoir que penser en boucle est contre-productif, que ça épuise plus que ça n’aide… rien n’y fait. On se dit « Stop ! », « Lâche », « Sors de ta tête ». Mais plus on veut l’arrêter, plus ça s’emballe. Plus on pense à comment ne plus penser, plus le mental s’active.

Et alors tout devient compliqué : Travailler, interagir, aimer, apprendre, rire. Tout demande un effort colossal. Le goût de vivre s’émousse. On veut avancer, mais on n’y arrive pas. Et la culpabilité entre en scène : « Tu n’en fais pas assez. » « Tu n’es pas sympa. » « Tu es égoïste. » Alors qu’au fond, on est juste à bout.

Perdre l’équilibre, c’est perdre l’accès à soi

Quand le mental prend toute la place, les émotions n’ont plus leur espace. On ne sait plus ce qu’on ressent, ce qu’on veut, ce qui nous ferait du bien. Nos besoins deviennent flous. Nos envies s’évaporent. Tout semble vide. Froid.

On a l’impression qu’il faut être partout sans savoir vraiment où… on s'active, on fait pour faire, on sors avec les amis pour sortir en se disant que ça fera du bien, on se forme pour mieux travailler, pour performer, on part en vacance l'été, parce que tous le monde part en vacance, on publie sur les réseaux parce que c'est ainsi aujourd'hui...

Mais tout cela résonne faux, déconnecté de ce que l’on veut vraiment. Et on se retrouve écartelé entre ce que l’on croit devoir faire, et ce que l’on sent juste.

Cela peut surgir à des moments-clés de la vie : une séparation, un projet professionnel épuisant, un deuil, une transition de vie ..., ou tout simplement parce que nous n'écoutons plus, depuis longtemps, notre voix intérieure qui murmure "attention tu te perds, tu t'épuises, tu n'écoutes pas tes besoins".

Quand le mental tire la sonnette d’alarme

Ce que tu vis, ce n’est pas un simple coup de fatigue. Ce n’est pas un caprice. C’est une alerte globale. C’est un signal que notre système intérieur ne parvient plus à se réguler. Ce que tu ressens a été étudié, nommé.

En neuropsychologie, on parle de charge mentale chronique ; une surcharge cognitive qui épuise les circuits de la mémoire et de la prise de décision. Stanislas Dehaene* montre comment notre cerveau est vite débordé sans pause. Trop de pensées, pas assez de récupération.

En psychologie on évoque le burn out émotionnel ou la saturation psychique, où le corps reste figé alors que l’esprit s’emballe. Christophe André* parle de cette fatigue de l’âme et du besoin d’auto-compassion face aux émotions douloureuses.

Des schémas anciens se rejouent, liés parfois à l’enfance (besoin d’être aimé, reconnu, sécurisé). Boris Cyrulnik*, à travers ses travaux sur la résilience, montre qu’il est possible de transformer ces blessures si on les reconnaît comme telles, sans s’identifier à elles. Ne pas les taire, mais les écouter.

Comment retrouver de l’espace intérieur ?

Il n’existe pas de bouton « off », mais il existe des chemins doux pour desserrer l’étau, pas à pas.

L'idée est de sortir du "comment faire pour aller mieux. Commence par reconnaître ton mental comme un allié un peu trop zélé. Puis, offre à ton corps l’occasion de reprendre sa place en passant par tes sens pour ressentir.

Autorise-toi à être là, maintenant tel (le) que tu es

Ce n’est pas une faiblesse d’avoir besoin de ralentir. C’est une forme d’intelligence intérieure.
Ose te dire :

  • · « Je traverse une période difficile, et c’est normal que je sois fatigué·e. »

  • « Ce que je ressens n’est pas un défaut, mais un signal. »

Accueille ton besoin de ne rien faire. Autorise toi à renouer avec la vie simple et sensible. S’autoriser à marcher sans but, observer les oiseaux, regarder les vagues s’échouer, bricoler, cuisiner pour le plaisir de sentir, de toucher, d’être là. Ce sont ces moments simples qui réactivent les circuit sensoriels et émotionnels… ceux qui ont été court-circuités par la pression mentale.

Prends du temps en conscience et en parles-en

Le repos n’est pas une récompense. C’est une nécessité humaine. Ces moments peuvent se prendre le soir, le week-end, sans culpabilité. Et il est précieux d’oser les verbaliser à ses proches :

  • « J’ai besoin de ce temps-là pour moi. Ce n’est pas contre toi. C’est pour me retrouver. »

  • « J’ai besoin de me recentrer, pour ne pas me perdre. »

Quand l’entourage comprend cela, il peut devenir un soutien au lieu d’une source de pression supplémentaire.

Nomme ce que tu vis pour ne pas l’enfouir

Ce qui se tait se fige. Ce qui s’exprime se transforme. Tu peux écrire, parler à voix haute, enregistrer des audios pour toi-même. Ne cherche pas à être cohérent(e). Juste à te libérer du trop-plein. Tu peux aussi consulter un praticien qui te convient (psychologue, hypnothérapeute, coach, sophrologue ...) pour t'aider à agir et à retrouver de la clarté.

Ce que tu vis actuellement a du sens

Ce n’est pas juste une crise. C’est une transformation en cours. C’est peut-être un tournant. Un moment où ta manière d’être au monde ne colle plus avec ce que tu ressens profondément. Ce que tu ressens est un message, pas un bug. C’est peut-être l’occasion de réinterroger la manière dont tu veux vivre, aimer, créer, partager. C'est aussi l'occasion de redéfinir ton rythme, ton cadre, ton équilibre.

Carl Rogers parlait d’authenticité comme condition à tout changement réel. Antonio Damasio, neurologue, a démontré que l’émotion précède la décision, et que l’intelligence émotionnelle est essentielle pour faire des choix justes.

Ce que vous ressentez est une information, pas une erreur. Il est temps de l’écouter.

Dans un de ses poèmes Antonio Machado disait « Voyageur, Il n’y a pas de chemin. Le chemin se crée en marchant. »

Alors respire. Ralentis. Réensauvage-toi. Ce que tu vis est douloureux, mais profondément fertile. Accorde toi le temps de vivre cette période de l'intérieur, laisse tes émotions te guider, agis en conscience pour ressentir. Tu es en train de créer ton chemin. Et tu n’es pas seul(e).

· Stanislas Dehaene : neuroscientifique, spécialiste des fonctions cognitives. Il a publié notamment Une idée dans la tête et Apprendre !, où il parle notamment de l’importance du repos et de la charge cognitive.

· Christophe André : médecin psychiatre, auteur grand public, notamment sur l’acceptation des émotions et la pleine conscience. Dans Imparfaits, libres et heureux ou Méditer jour après jour, il aborde clairement le lien entre émotions douloureuses et rumination mentale.

· Boris Cyrulnik : neuropsychiatre très connu pour ses travaux sur la résilience et l’impact du trauma. Il explique bien que ce qu’on n’intègre pas émotionnellement reste actif inconsciemment.

· Carl Rogers : psychologue américain fondateur de l’approche centrée sur la personne, il défend l’idée que l’authenticité (ou congruence) est la condition d’un vrai changement intérieur.

· Antonio Damasio : neurologue contemporain, spécialiste du rôle des émotions dans les décisions et le raisonnement. Il a démontré que sans émotion, les prises de décision deviennent irrationnelles (L’erreur de Descartes).